AVENTURES

5 jours en canoë sur la Wye, au Pays de Galles.

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15 mai 2019

En mai 2017, quelques jours après la huitième édition de l’Open Canoë Festival, j’embarquais avec mon ami Paul Villecourt dans un avion à Genève, destination Bristol, avec comme bagage, un gros sac étanche rouge, en soute, et un autre jaune, en guise de bagage cabine. J’ai beau avoir pris l’avion un paquet de fois, le check sécurité étant toujours une épreuve, mais passer un check avec un sac étanche avec une corde en guise de lanière, je ne l’avait encore jamais fait !

A notre arrivée, notre guide et ami, Ian Purkis nous attendait, canoë en bois fait de ses propres mains, chargé sur le toit de son vieux Land Rover Defender kaki, bien garé au milieu des Jaguar et des belles voitures anglaises : le ton était donné, nous partions à l’aventure, laissant derrière nous la ville et ses clichés.

Première étape : direction le QG de la marque Palm où nous devions rencontrer le Marketing Officer de la marque afin de visiter les locaux mais aussi et surtout récupérer notre matériel de navigation. Une fois équipés de la tête aux pieds avec du matériel de pointe qui sent bon le neuf, il était temps de reprendre la route direction le Pays de Galles et le petit village de Hay on Wye ! Sur la route, un superbe coucher de soleil nous accompagne. Nous traversons les champs remplis de moutons, traversons les collines sur ces toutes petites routes, étroites montées de deux solides murs en pierre de part et d’autre !

Une fois arrivés, nous faisons connaissance de Clare et Aubrey, qui tiennent la petite base de canoë où nous camperons ces prochains jours. Une fois la tente montée, il est grand temps d’aller au pub. J’ai grande soif, j’ai faim messire ! Bienvenue au pays de Galles !


Jour 1 : début de l’aventure.

Au matin du 19 Mai, c’est l’heure du départ ! Bateaux chargés, sac étanches amarrés dans le bateau, il est grand temps de pagayer !

Venant d’une région où les rivières sont plutôt alpines et donc par définition un peu plus agitées que celles de l’Angleterre, la Wye est une rivière plutôt calme, très calme : toute plate enfaite. Mais toute sa richesse est ailleurs, la rivière est peuplée d’oiseaux en tout genre, que Ian nous fait découvrir au fur et à mesure de notre descente.

Photo : Paul Villecourt / Outdoor Reporter

Le lit serpente entre les collines, un coup à gauche, un coup à droite, si bien que l’on se demande si l’on ne tourne pas en rond au final. Le soleil descend petit à petit, offrant de superbes couleurs à notre navigation de fin de journée.

Les moutons font leur show à notre passage.
Il nous faut même organiser une opération de sauvetage ! Sous nos yeux, un mouton alourdi de sa laine dévale la pente et fini sa course dans l'eau ! Sa laine gorgée, le mouton doit peser au moins 100kg. Il nous faut être deux pour le sortir et le persuader qu'il est bien vivant pour qu'il reprenne la route vers le troupeau !
Les champs sont verts et pleins de moutons, il n'y a que le bêlement des bêtes et le bruit de l'eau sur les pagaies. Tout est calme, tout est beau.
Au coucher de soleil, les lumières se révèlent et nous offre une navigation exceptionnelle !

Après 45km de navigation sur une eau des plus calme, nous terminons notre premier jour dans un petit camping à la ferme, à Preston-on-Wye, au beau milieu des pommiers. A peine sortis de l’eau, Ian notre guide nous amène déja trois belles bouteilles de cidre frais que nous partageons ensemble autour du camp. Il nous raconte son histoire, son passé difficile comme garde en Afrique. La nuit tombe peu à peu, nous irons nous coucher dans nos tentes respectives, pensifs, mais aussi conscient de la chance que nous avons de vivre ces moments là.


Jour 2 : journée marathon.

Au petit matin la lumière est extraordinaire. La rosée et sa brume rencontrent les pommier et la lumière du soleil levant. Je saisi vite cet instant avec mon iPhone avant que le petit camping ne s’éveille.

Nous nous remettons en route pour ce deuxième jour de navigation, 50 km nous attendent car il nous faut traverser la ville de Hereford afin d’installer notre bivouac en aval. Nous retrouvons les oiseaux et les cygnes qui se font de plus en plus nombreux. Nous avons même la chance d’assister à un décollage de très près ! Après avoir surpris un groupe d’une vingtaine de cygnes dans un virage, ils décident de s’envoler à notre arrivée : problèmes, ces bestiaux ont besoin d’une bonne dizaine de mètres pour s’élancer. L’un deux me frôle de peu, il nous faut nous coucher pour ne pas se faire percuter ! Paul en bon reporter a eu le temps de dégainer son appareil photo et de saisir l’instant !

Nous voyons le paysage évoluer petit à petit, la campagne se transformer en périphérie urbaine, les oiseaux nous quittent le temps de quelques heures. L’approche d’une ville est toujours une étape, nous débarquons en tenue étanche dans un parc où les uns jouent au mini golf d’un coté, les autres promènent de l’autre. Nous nous pique-niquons sur un banc, canoë amarrés en contrebas. La vie de la rivière nous différencie désormais de la vie terrestre. Après une courte sieste, nous reprenons nos bateaux et continuons à avancer !


Une fois de plus, le soleil nous montre à quel point la Wye est une rivière sauvage et pleine de surprises ! Les paysages se teintent de leur parure dorée, la Golden Hour. Il est désormais 19h, il nous faut trouver un camp pour la nuit. Une petite ile repérée sur la carte aurait pu faire notre affaire, mais en arrivant dessus nous découvrons qu’elle est déja bien habitée : de nombreux oiseaux ont déja élu domicile et nous font comprendre que nous ne sommes pas les bienvenus ! Il nous faut donc pagayer presque une heure de plus jusqu’à un petit camping de village, enfaite c’est même un terrain privé qu’un monsieur exploite comme petit site de camping. Il se préparait à repartir à notre arrivée, mais en profite pour recevoir sa “dime”. Il faut dire que sur la Wye on ne peut pas s’arrêter là où on le veut… La plupart des berges étant privées et parfois clairement interdites aux canoteurs sous peine de sanction (voir même explicités bien plus grossièrement), il nous faut trouver un endroit ou dormir légalement.

Même rituel, monter la tête et installer le matériel. l’expérience fait que chacun de nous passe cette étape rapidement. A table ! Ce soir c’est Riz et sauce Reggae Reggae ! Je crois comprendre que l’herbe de Jamaïque est capable de calmer le feu en bouche, puisque mon palet s’est souvenu pendant un moment du sale quart d’heure que j’ai passé après avoir un peu trop abusé de cette sauce à ma première assiette ! Qu’importe, il est tard, et je commence déja à languir de me coucher.


Jour 3 : mémoire et pub !

Ce jour a été un petit spécial, en effet le matin nous devions attendre un quatrième compère venu nous rejoindre pour les prochains jours de l’aventure, mais il a été d’autant plus spécial que je devais terminer et mettre en ligne mon mémoire qui signait la fin de mes études au beau milieu d’un petit camping de fortune sur la rivière Wye ! Je ne saurai vous décrire cette douce sensation de liberté qui m’a saisie une fois que le bouton “Envoyer” de mon iPad fût touché.

Nous passons la journée à discuter sur nos embarcations. Je pense que je déconnecte un peu plus chaque jour et m’habitue peu à peu à ce nouveau rythme d’itinérance sur l’eau.

Histoire de rendre cette journée encore plus historique, notre bivouac du soir n’avait absolument rien à voir avec ceux des jours précédents : nous nous apprêtons tout bonnement à dormir au pied d’un pub ! Quoi de mieux que de pouvoir dormir sur place après une bonne soirée au pub ? L’espace ne manque pas dans le carré d’herbe qui fait face à la grande maison blanche, pourtant il nous faut aligner les tentes pour ne pas gêner le passage ! La soirée sera copieuse, assortie d’une bonne bouteille de Shyraz, ce fameux vin Australien finement épicé !


Jour 4

Au réveil c’est breakfast à l’anglaise ! Bacon, oeuf, tomate et beans ! De quoi prendre des forces pour cette nouvelle journée !

Peu à peu le paysage change, les collines grandissent et nous nous enfonçons dans la campagne galloise : c’est le grand retour du sauvage ! Nous profitons de l’avance prise les derniers jours pour prendre notre temps et faire un arrêt touristique. Un jeune gallois nous laisse accoster à sa base de canoë qui ouvrira dans quelques semaines et nous conduit même au chateau tout proche pour que nous puissions le visiter. Nous prenons le temps de marcher, d’apprécier cette campagne dense et agricole avant de retourner une fois de plus dans nos embarcations, en passant par le même rituel : le chargement des bestiaux, nos beaux canoës de 15 pieds chacun.

Le ciel se couvre et nous offre un coucher de soleil qui embrase le paysage. Ce soir nous prendrons une bonne douche chaude dans les sanitaires du petit camping où nous faisons halte !


Jour 5 : fin de l’aventure

Après cinq jours sur l’eau, on prends presque goût à partir le matin sans vraiment savoir où l’aventure va se terminer. Pourtant nous devons déja organiser la navette de retour car ce soir signera la fin de notre périple sur l’eau ! Réorganiser une dernière fois les bateaux, profiter du léger courant et de la rivière qui a un peu grossie pour se laisser aller un peu plus encore. Les algues tapissent la rivière, créant de longues trainées panachée de vert.


 
 
 
 
 

Il nous faut désormais reprendre la route, charger les bateaux et retourner à Hay-on-Wye où nous allons passer les quatre prochains jours dans un festival et rassemblement de l’Open Canoë Association. Nous avons eu la plus grande chance avec la météo pendant ces 5 jours sur la Wye puisque durant tout le festival nous avons du endurer les averses et la météo capricieuse : finalement le quotidien normal au Pays de Galles.

La rivière Wye c’est un tout autre rythme, plus lent, plus calme, qui pousse l’esprit à se tourner vers l’instant, à apprécier chaque chose qui se trouve sous notre nez plutôt que d’avoir à anticiper le prochain virage ou contre courant dans lequel s’arrêter, comme sur des rivières plus agitées. C’est un peu un voyage initiatique, un déplacement doux sur l’eau dans lequel l’homme revendique fortement chaque rive et où le pagayeur n’est finalement bien qu’au milieu, sur la frontière naturelle et aquatique que forme la rivière. Un juste milieu justement, entre la vie sauvage et le voyage urbain, c’est exactement ce que l’on pourrai retenir de ce voyage riche en découvertes, surtout en ce qui concerne les oiseaux, très nombreux tout au long de notre expedition. Et pourtant la rivière continue encore, il nous faudra revenir pour explorer la suite, jusqu’à ses variations de niveau dues à la proximité de la Manche plusieurs kilomètres en amont. Le Pays de Galles vaut vraiment le détour, pour ses paysages, sa culture, sa variété de cidre et de bière, son ambiance festive et surtout pour ses habitants, tous les uns plus bienveillants que les autres. Alors cher Pays de Galles, à très vite, pour une prochaine aventure !

Merci à Ian Purkis notre guide,
À mon ami Paul Villecourt pour l’organisation de ce trip et pour ses images.
À Mark-Jan Dielemans pour nous avoir accompagner
Et à tous ceux qui nous ont aidés de prés ou de loin !

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